[HRP : Toutes mes excuses, je n'ai pas pu être très présente ces derniers jours.]
-"Ce n'est rien, duchesse, rassurez-vous..."
Marguerite prit une cuillère de blanc-manger tout en écoutant les vers de la dame Grimaud - et elle les trouva très réussis.
-"Notre Très Saint Seigneur Aristote condamne le suicide, ma dame... !" glissa-t-elle d'un air complice. "Restez parmi nous."
La soirée touchait à sa fin. Quand les assiettes furent finalement vides, Marguerite eut un regard vers le couvert toujours immaculé du duc de Bellesme et eut un sourire navré.
-"J'espère, duchesse, que votre époux n'a point fait malencontre en chemin, que ses affaires se sont juste prolongées plus qu'il n'avait pensé.
Me revient la délicate tâche de décerner le vainqueur des joutes de cette soirée - qui ne gagnera rien que nos applaudissements.
La courtoisie voudrait que j'honore noble gens, la galanterie que ce soit une dame, la logique que l'attaque eut été vive et les vers bien tournés... Face à tout cela, je suis bien embêtée !"
Elle rougit légèrement, et ne se leva pas pour annoncer le résultat - debout sur le sol, elle aurait été plus petite qu'assise sur sa chaise.
-"Au baron de Largentière revint la difficile tâche de débuter, ce qu'il fit ma foi fort bien.
Mon seigneur de Villesiscle répondit lentement, mais les vers affutés.
Le baron de Rekkared eut l'originalité d'attaquer son assiette, et je l'avoue, ses vers m'ont charmée.
La duchesse de Bellesme attaqua doublement, d'une part les vieillards, d'autre part mes innocentes oreilles. C'était fort surprenant, à défaut de volontaire !"
Elle eut un sourire.
-"Dame Dhéa ne piocha point de rimes - sans doute ignorait-elle ce qui était en cours.
Dame Aymerssende Grimaud, enfin, filleule de ma mère, eut le dernier mot, et montra que la roture peut être élégante et fine.
Alors, au risque de déplaire à mes chers nobles hôtes, refusant de déclarer une partie nulle - ce qui pourtant me tente - permettez qu'à dame Aymerssende reviennent les lauriers, ce soir."