Dîner le premier de novembre

Marguerite eut un sourire réjoui en entendant enfin la réplique de son précepteur. Elle dit à la duchesse de Bellesme :

-"Il me semble qu'il s'est bien défendu... Les autres joutes vont suivre, j'ai cru vous voir piocher une paire de rimes, je me trompe ?"

Entendant les vers du baron, sourit et se dit que vraiment s'il le connaissait... il n'écrirait pas ce genre de chose..

Salue le baron, sourit, et reprend son repas.

Vraiment délicieux...

Dhéa était mortifiée de honte, elle était invitée chez la baronne de Bram et elle arrivait moult en retard...
Elle s'était présentée à l'entrèe du castel et un serviteur l'avait guidée jusqu'à la salle où le repas ce tenait. Ce soir elle accompagnait Deboitementdumenix, qu'elle avait rencontré à Carcassonne.
Dhéa entre toute penaude dans la salle, ses joues rosies par sa gêne. Elle salua de la tête Messire Rekkared et son épouse (elle avait échangé qq missives avec celui-ci), elle fit un petit signe de main à Izarra en la voyant ici, quelle agréable surprise, elles auraient moultes choses à ce dire...
Elle salua la maîtresse de maison, qui d'un signe de la main lui indiqua de prendre place aux côtés de Deboitemendumenix, à qui elle adressa un sourire et lui murmura un remerciement pour l'invitation, et de dame Aymerssende.

Baronne, pardonnez mon retard, quelques petites affaires à régler m'ont retenues.

La baronne eut un large sourire en voyant arriver la dame Dhéa. Quand celle-ci se fut assise, elle se permit de lui parler, bien que n'étant pas immédiatement à côté d'elle :

-"Ma dame, je vous souhaite la bienvenue. Messire de Largentière m'avait prévenue de votre venue et je m'en réjouis, d'autant que vous allez bientôt quitter le Languedoc, à ce que l'on dit..."

Dhéa rosit de plus belle, elle était fort gênée.

Je vous remercie Baronne pour votre accueil et vous présente mes regrets pour la perte de votre mère que j'ai connu. Vous êtes bien informée, je vais bientôt quitter le Languedoc pour épouser le Vicomte de Droux, mon Père ayant arranger mes épousailles avec le suzerain du vicomte. Pauvre Papounet, il désespérait de me voir marriée.
Un grand sourire illumina le visage de la jeune femme.

La duchesse avait beaucoup apprécié la répartie du seigneur de Villesiscle. Décidément, celui-ci n'avait point perdu de sa verve depuis leur dernière encontre.

En effet damoiselle, je participerai également à ces joutes. Mais messire Eléïm vient de nous livrer des vers de qualité, je doute d'arriver à un tel niveau! répondit-elle en souriant à la jeune baronne.

Levant les yeux à l'arrivée du nouveau convive, Izarra eut un grand sourire en découvrant son amie Dhéa. Elle qui craignait de ne point la croiser avant son départ du Languedoc! Cette réception se révélait décidément riche en rencontres!

-"J'ai toute confiance en vos qualités, ma dame, pour nous impressionner" murmura Marguerite en réponse à la duchesse.

Le visage de la jeune baronne s'illumina à la réponse de la dame Dhéa : sa mère lui avait apprit les généalogies de la noblesse - et celle de leur famille, tout particulièrement.

-"Le Vicomte de Droux ? Martial d'Ysengrin ? Si mes souvenirs ne me trompent pas, il s'agit de l'oncle sur la branche d'Ysengrin du dit "Bendalf Malpertuis", baron de La Roche Canillac et cousin germain de monsieur mon père par la branche bastarde des Volpilhat..."

Elle eut soudain l'impression d'embrouiller son interlocutrice, et rougit en résumant :

-"Par ce mariage nous aurons donc toutes deux un lien familial... Mais dites-moi, qui est votre père si cela n'est pas indiscret ? Je ne crois pas le connaître mais il doit être noble pour que vous-même puissiez en épouser un ?"

Une servante s'approcha de la dame Dhéa.

-"Ma dame désire-t-elle que nous lui portions les mets qui ont été servis durant son absence ou préfère-t-elle prendre en cours le dîner ?"

Soudain elle réalisa que la baronne lui avait parlé d'une parentèle entre elles, enfin quand Dhéa aurait épousé le Vicomte. Décidément Dhéa était fort étourdie ce jour d'hui.

Oui effectivement Baronne, il s'agit bien de cela. Et mon Père est Toucoul du Mulet Blanc, actuel comte de Cognac. Je suis ravie de découvrir ce futur lien de parentèle entre nous, même si éloigné.

Dhéa adressa un grand sourire à son amie Izarra, de vieux souvenirs niortais lui revinrent en mémoire...

Marguerite acquiesca.

-"Cela me ravit itou. Je suppose que votre père va vous doter pour cette occasion d'une seigneurie dans son comté."

Elle prit délicatement le dernier morceau d'anguille qui restait dans son assiette et le savoura.
Elle soupira intérieurement en songeant à tout ce qu'il restait au menu.

La servante s'inclina.

-"Bien ma dame."

Elle disparut, mais revint vite accompagnée. Un valet annonça :

-"Chapon rôti sur lit d’oignons confits, de coings et de griottes."

Rekkared se réjouit des plats successifs :

"Ce velouté de pois chiche fut un miracle,
C'est un pain béni sorti du tabernacle !
Comme le fruit laisse découvrir son noyau,
Cette anguille révèle en bouche son joyau."

Et Rekkared de montrer la seule arête qu'il trouva...

Cette réplique eut l'effet d'un élixir bénéfique sur Marguerite. Elle la trouva tout à fait à propos et très amusante.

-"Messire de Sìarr, votre verve me plaît ! Mais je doute qu'à cette joute, l'anguille puisse répliquer... Qui prendra la suite ? Vous, ma dame la duchesse ? Ma demoiselle Grimaud peut-être ?"

Allons, je me lance!

Souriant, elle se tourna vers son amie Dhéa, une lueur malicieuse au fond des yeux

"Très chère ce prétendant, quel est donc son aspect?
Est-il galant, soigné, et sans rien de suspect?
Pourvu qu'il ne soit point de ces vieillards séniles
A l'esprit et au membre mou comme l'argile..."

[HRP : La joueuse de Dhéa m'a signalé être absente ce week-end.]

Margot, qui venait de mettre dans sa bouche un morceau de chapon et une griotte, manqua de s'étouffer avec le noyau alors que la duchesse de Bellesme annonçait son quatrain.

-"Je vous prie de m'excuser" murmura-t-elle, rouge de confusion. Par ce quatrain, c'était toute une partie de la gente masculine que la duchesse avait attaquée...

De ce qu'on lui avait dit, Martial d'Ysengrin était un homme, un vrai, et point trop vieux. Tout cela, dame Dhéa le savait sans doute, quoique... Elle avait bien dit "mon père a arrangé ce mariage avec le suzerain du vicomte", ou quelque chose qui s'en rapprochait énormément. Peut-être la demoiselle n'avait-elle finalement jamais rencontré son promis.

Dhéa manqua de s'étouffer tant la verve de son amie était intacte et toujours inattendue.

Ma Poul.... enfin chère amie, je n'en sais fichtre rien. J'ai échangé quelques missives avec le Vicomte, mais je ne puis t'en dire plus quant à son aspect. Je crois savoir qu'il doit me faire parvenir son portrait, et par la même occasion, il ferra le mien.
Ce que je puis en dire c'est qu'il est âgé de 34 ans et qu'il s'agit d'un homme d'armes et si mes souvenirs sont bons je crois qu'il est écuyer royal.
Pour le reste ma chère...je te montrerai son portrait quand je l'aurai reçu.

S'adressant à la baronne : Vous avez raison, mais je ne puis vous dire quelle seigneurie je vais recevoir... la situation de mon Père étant un peu compliquée.

-"Oh, cela finira par s'éclaircir je suppose. Rien d'inquiétant ne lui est arrivé, au moins ?"

Eléïm était resté bouche bée face à l'arrivée de Dame Dhéa, celle-ci n'avait même pas daigné lui accorder un bonjour, un geste, un regard... Il ne la connaissait que peu mais tout de même !
Il resta longuement choqué par cette attitude, la tête penchée sur son assiette, ne relevant pas les yeux. Puis l'énervement prit le dessus par rapport à la déception et à la honte et il lui lança, d'une voix assez forte et quelque peu agressive:

-"Bonsoir Dame Dhéa !"

En entendant son nom prononcé de la sorte Dhéa avala de travers la bouchée. Elle se mit à tousser et devint rouge de honte. Apres quelques minutes, elle se calma. Son regard rencontra celui d'Eleim, qu'elle avait ommis de saluer lors de son arrivée tardive. Elle adressa un signe de tête au jeune homme et lui bredouilla quelquchose qui ressemblait à des salutations, mais la gêne de la jeune femme la rendait complètement incompréhensible. elle irait saluer Eleïm plus tard...

Après avoir recouvré ses esprits; Dhéa répondit à la Baronne :
Non, rien de grave. Le nobiliaire poitevin est à revoir, mon Père étant noble poitevin, ne peut plus prétendre au titre de Comte de Cognac...

Marguerite hocha la tête.

-"En effet, ce sont des choses qui arrivent... Pourtant le nom de ce fief sonne bien, et je suppose qu'il doit être tout à fait charmant !
Oh, je suis certaine qu'il saura l'échanger contre un autre de valeur égale !"

Pour la dernière fois, on annonça un plat après avoir remporté le précédent :

-"Blanc-manger de Bram."

Le blanc-manger était constitué de plusieurs couches aux parfums et couleurs différents et présenté dans un large plateau d'argent. Les convives pourraient y déceler diverses épices (cannelle, safran), des fruits de saison (pommes, poires, mûres) et du miel.

L'une des servantes le découpa avec précaution et le servit.

Izarra se sentit légèrement gênée devant la confusion de son hôtesse. Elle connaissait assez bien Dhéa pour savoir que son quatrain assez osé ne la troublerait pas. En revanche, elle n'avait point prévu l'effet que ces vers feraient sur la jeune baronne. Se penchant vers elle, elle lui murmura

Je suis navrée ma damoiselle.... La joie de revoir ma vieille amie m'a fait tenir des propos peu adaptés à de jeunes oreilles.

Elle se tourna ensuite vers Dhéa et lui sourit chaleureusement

Ma chère, je te taquinais tu le sais bien. Ton futur me semble être un fort bon parti, j'espère avoir le plaisir de faire sa connaissance!