[Archive RP]Le Roman de Renart - 2è Carnaval de Carcassonne

Sam 2 Sep - 20:34

Eléïm

Eléïm entra sur scène. Il se trouvait juste devant, le rideau n'étant pas encore ouvert. Il ne voulut pas regarder le public, il était trop angoissé. Il fixa donc un point imaginaire au fond de la salle et commença à parler d'une voix forte:

-"Mes Dames, Mes Damoiselles, Messires,
Nous allons vous présenter ce soir une pièce de théâtre que Dame Dratus et moi avons adaptée d'un épisode du célèbre Roman de Renart. Dans un instant vous pourrez voir "Comment Berton le Maire fut trompé par Renart, et comment Renart fut trompé par Noiret." Je vous remercie d'être venus à notre représentation. Je vous demanderais de ne point trop parler durant le temps de la pièce, faites aussi sortir vos pigeons, mésanges et autres volatiles messagers. Je vous demande également d'excuser Dame Dratus qui n'a pas pu venir ce soir...
Mais je vois que le temps passe et je dois partir car Pierre, le Narrateur ne va pas tarder à entrer sur scène. A bientôt, je file!"

Puis Eléïm se dirigea vers le côté jardin et disparut de la scène, derrière le rideau.

Sam 2 Sep - 21:10

Pierre

Avant d'entrer totalement sur scène, Pierre, qui faisait aussi office de technicien (étant donné le manque de moyen flagrant accordé à la production de la pièce), saisit un grand bâton et frappa trois coups sourds sur le parquet. Ce geste annonçait le début de la pièce. Puis il tira aussi le rideau, découvrant ainsi le magnifique décor conçu pour l'occasion.


Ainsi soit-il, si Aristote le veut, se dit-il d'une voix solennelle.

Puis il entra sur scène et déclama d'une voix qu'il força un peu pour que tout le monde puisse l'entendre:

-"Bonjour, mes chers amis, je me nomme Pierre, je viens de Saint-Cloud. Cédant au désir pressant de mes amis, je vais vous compter ce soir, les joyeux tours de Renart, ce méchant nain dont tant de bonnes âmes ont eu droit de se plaindre.
Si l’on veut faire un peu silence, on pourra trouver ici matière à plus d’un bon enseignement:

C’était au mois de mai, temps où monte la fleur sur l’aubépine, où les bois, les prés reverdissent, où les oiseaux disent, nuit et jour, chansons nouvelles. Renart seul n’avait pas toutes ses joies, même dans son château de Maupertuis : il était à la fin de ses ressources ; déjà sa famille, n’ayant plus rien à mettre sous la dent, poussait des cris lamentables, et sa chère Hermeline, nouvellement relevée, était surtout épuisée de besoin. Il se résigna donc à quitter cette retraite ; il partit, en jurant sur les saintes reliques de ne pas revenir sans rapporter au logis d’abondantes provisions.
Il entre dans le bois, laissant à gauche la route frayée ; car les chemins n’ont pas été faits pour son usage.
Je vous laisse avec lui..."

Puis il retourna derrière le rideau.

Dim 3 Sep - 0:53

Renart

Renart entra sur scène juste après Pierre qui lui avait fait signe dans les coulisses. Il portait un costume roux, au bout duquel on avait cousu une queue rousse à la pointe blanche. Le vêtement montait jusqu'au cou et le comédien portait un masque roux également avec une truffe noire à laquelle quatre bouts de laine étaient fixés, faisant office de moustaches.
Arrivé au milieu de la scène, il commença:

-"Ô belle Nature, Aristote vous a créée si jolie!
Que j'aime me promener entre vos arbres...

Il contemple un grand chêne.

- ...vos fleurs...

Il cueille une marguerite, hume son parfum, et détache les pétales délicatement un par un.

- ... vos mousses...

Il frotte son flanc contre un hêtre.

- ...vos feuilles!

Il en ramasse deux poignées, les jette en l'air et danse sous la pluie multicolore et légère. De plus en plus grandiloquent, il continue:

- Et toute cette jolie flore qui accueille cette belle faune... qu'on peut si facilement se mettre sous la dent. Il se lèche les babines.
- Je suis bon Aristotélicien mais si je ne craignais pas de blasphémer je vous penserais dotée d'une âme!
Ô, heureux celui qui vit ici et chasse à plaisir l'abondante mangeaille! Malheureusement, le besoin fait vielles trotter!"


Il se signe.

Dim 3 Sep - 1:14

Pierre

Pierre entre à nouveau sur scène et se place à l'extrèmité du côté jardin, et tandis qu'il continue sa narration, Renart, côté jardin, suit les descriptions de celui-ci et agit en conséquence:

-"Renart, en poussant un long gémissement, se remit à la voie. La faim, qui chasse le loup hors du bois, lui donnait des jambes. Il descend, il monte, il épie de tous côtés si d’aventure quelque oiseau, quelque lapin ne vient pas à sa portée. Un sentier conduisait à la ferme voisine ; Renart le suit, résolu de visiter les lieux à ses risques et périls. Le voilà devant la clôture : mais tout en suivant les détours de haies et de sureaux, il dit une oraison pour que Dieu le garde de malencontre, et lui envoie de quoi rendre la joie à sa femme et à toute sa famille.
Avant d’aller plus loin, il est bon de vous dire que la ferme était au vilain le plus aisé qu’on pût trouver d’ici jusqu’à Troies (j’entends Troies la petite, celle où ne régna jamais le roi Priam). La maison tenant au plessis était abondamment pourvue de tout ce qu’il est possible de désirer à la campagne : boeufs et vaches, brebis et moutons ; des gelines, des chapons, des oeufs, du fromage et du lait. Heureux Renart, s’il peut trouver le moyen d’y entrer !
Mais c’était là le difficile. La maison, la cour et les jardins, tout était fermé de pieux longs, aigus et solides, protégés eux-mêmes par un fossé rempli d’eau. Je n’ai pas besoin d’ajouter que les jardins étaient ombragés d’arbres chargés des plus beaux fruits ; ce n’était pas là ce qui éveillait l’attention de Renart."

Dim 3 Sep - 16:58

Berton

Lorsque le narrateur fit allusion à lui, Berton entra sur la scène, côté cour. Aymie était méconnaissable. Elle s'était entourée le corps de tissus pour ressembler à un homme ventripotent et s'était collée une petite moustache..

Dim 3 Sep - 16:59

Pierre

En même temps que Berton entrait sur scène, un deuxième décor descendit sur le plateau juste devant le premier.



Pierre, qui se trouvait toujours à l'extrémité du côté jardin, continua sa narration. Berton, tout comme Renart, jouait à mesure que Pierre décrivait ses actions:

-"Le vilain avait nom Bertaud ou Berton le Maire ; homme assez peu subtil, très avare et surtout désireux d’accroître sa chevance. Plutôt que de manger une de ses gelines, il eût laissé couper ses grenons, et jamais aucun de ses nombreux chapons n’avait couru le danger d’entrer dans sa marmite. Mais il en envoyait chaque semaine un certain nombre au marché. Pour Renart il avait des idées toutes différentes sur le bon usage des chapons et des gelines ; et s’il entre dans la ferme, on peut être sûr qu’il voudra juger par lui-même du goût plus ou moins exquis de ces belles pensionnaires.
De bonheur pour lui, Berton était, ce jour-là, seul à la maison. Sa femme venait de partir pour aller vendre son fil à la ville, et les garçons étaient dispersés dans les champs, chacun à son ouvrage. "

Dim 3 Sep - 17:02

Noiret

noiret entre sur scène par une fente pratiquée dans le décor.

Il arrive devant les spectateurs, se tourne et remue bien pour que tout le monde admire son plumage.

Des plumes aux couleurs chatoyantes lui font un panache de couleur digne des plus beaux feux tziganes, des petits crochets de bois sont ajoutés au bout de ses chaussures pour imiter le bruit des griffes.

Il se plie en deux et essaye de prendre l'air digne et vainqueur d'un coq roi de sa basse cour.

Dim 3 Sep - 17:03

Pierre

Pierre, toujours très sobre, continue:

-"Renart, parvenu au pied des haies par un étroit sentier qui séparait deux blés, aperçut tout d’abord, en plein soleil, nombre chapons, et Noiret tout au milieu, clignant les yeux d’un air indolent, tandis que près de lui, gelines et poussins grattaient à qui mieux mieux la paille amassée derrière un buisson d’épines. Quel irritant aiguillon pour la faim qui le tourmentait ! Mais ici l’adresse et l’invention servaient de peu : il va, vient, fait et refait le tour des haies, nulle part la moindre trouée. À la fin, cependant, il remarque un pieu moins solidement tenu et comme pourri de vieillesse, près d’un sillon qui servait à l’écoulement des eaux grossies par les pluies d’orage. Il s’élance, franchit le ruisseau, se coule dans la haie, s’arrête, et déjà ses barbes frissonnent de plaisir à l’idée de la chair savoureuse d’un gros chapon qu’il avise. Immobile, aplati sous une tige épineuse, il guette le moment, il écoute."

Dim 3 Sep - 17:13

Noiret

Noiret fait le tour de la scène en admirant les gélines du décor.

-"Mesdames, si le paradis existe, je crois bien que j'en suis le rois, et qu'il est remplie de gélines divines de votre espèce.

Il s'arrête, gratte un peu le sol de sa patte.

-Je suis ravie de ma nombreuse descendance, forte et pleine de vie."

Il passe devant chacune, les flatte d'un coup d'oeil et se rapproche dangereusement du point d'observation de renart

Dim 3 Sep - 17:13

Renart

Tout à coup, Renart paraît et s’élance, il fait un bond immense! Il croit saisir Noiret, mais hélas il manque son coup. Le comédien jouant Renart manque de se casser le nez en percutant de plein fouet le parquet de bois.

Dim 3 Sep - 17:15

Noiret

Noiret traverse la scène en courant, poussant des hurlements stridents et va se réfugier sur un tabouret caché par de la paille.

Il reprend bien vite son air digne qui sied à sa personne et repère très vite le vil Goupil qui a voulu faire de lui son repas

Dim 3 Sep - 17:21

Berton

Berton entend du bruit, il se tourne vers son poulailler et scrute les environs...
-"Qui va là ? Répondez ? Qui se cache céans et trouble mon repos ?

Il découvre enfin le responsable de ce tumulte :

- Comment ? C'est vous Messire Renart ? Voulez-vous bien sortir de mon poulailler !! Vous allez tâter de mon bâton si vous venez larciner mes gélines !"

Berton sort de scène (pour aller chercher son gros bâton)

Dim 3 Sep - 17:26

Renart

Renart, à la vue du ventripotant danger, feint de se cacher sous une tête de chou.

Dim 3 Sep - 17:26

Berton

Berton revient armé d'un filet à toutes petites mailles et d'un bâton
-"Tu vas voir ce qu'il en coûte de s'attaquer à mon coq !!"
Berton frappe autour de lui avec son bâton à la recherche du goupil qui s'est caché...

Dim 3 Sep - 17:36

Renart

Renart, traqué par Berton saute en prenant un grand élan. Malheureusement le vil fermier avait tendu un filet. Le goupil s'empêtre dedans et les cordes se resserrent sur lui, sur son cou, son ventre, ses pattes. Il se démène, encore et encore mais s'entortille de plus en plus.

Dim 3 Sep - 17:39

Berton

Tout heureux d'avoir attrapé son voleur et de voir le goupil en si mauvaise posture, Berton se met à rire

-"Ahaha ! Tu fais moins le fier !! Tu voulais me voler !! Tu comptais croquer mes gélines !
Mais tu me connais mal mon cher, je ne me laisse pas faire si facilement, héhé !!"

Tout en se rengorgeant, Berton tire sur le filet pour maintenir Renart saucissonné

Dim 3 Sep - 17:40

Pierre

Pierre continua, suivi des gestes des comédiens:

-"Et pour commencer la justice, Berton lève le pied qu’il vient poser sur la gorge du prisonnier. Renart prend son temps ; il saisit le talon, serre les dents, et les cris aigus de Berton lui servent de première vengeance. La douleur de la morsure fut même assez grande pour faire tomber le vilain sans connaissance ; mais revenu bientôt à lui, il fait de grands efforts pour se dégager ; il lève les poings, frappe sur le dos, les oreilles et le cou de Renart qui se défend comme il peut sans pour cela desserrer les dents. Il fait plus : d’un mouvement habile, il arrête au passage la main droite de Berton, qu’il réunit au talon déjà conquis. Pauvre Berton, que venais-tu faire contre Renart ! Pourquoi ne pas lui avoir laissé coq, chapons et gelines ! N’était-ce pas assez de l’avoir pris au filet ? Tant gratte la chèvre, que mal gis, c’est un sage proverbe dont tu aurais bien dû te souvenir plus tôt."

Dim 3 Sep - 18:19

Renart

Le comédien jouant Renart avait feint de mordre Aymie.
Très heureux que la situation fut renversée et ainsi devenu maître du talon et du pied, Renart change de gamme, et prend un air vainqueur, très grandiloquent et prétentieux:

-"Fi , comme tu es vilain, tu croyais pouvoir me prendre, moi? Renart? Tu devrais savoir combien je suis rusé! Et ne compte pas te racheter ; je n’en prendrais pas le trésor de l’empereur ; tu es là mieux enfermé que Charlemagne ne l’était dans Lançon!"

Dim 3 Sep - 18:24

Berton

Berton, qui était plutôt douillet, se mit à hurler de douleur et à se tordre en tout sens

-"Ah pitié, Messire Renart ! mon bon ami ! Vous me faites mal !! Par tous les saints, je vous promets de ne plus vous railler ! Mais au nom de la Madone, relâchez- moi !!
Je ferais ce que vous me demanderez ! Pitié !!"

Dim 3 Sep - 18:26

Renart

Renart, toujours aussi pédant, réplique, en prenant des attitudes de noble chevalier:

-"AH! Il est bien facile, quand on se retrouve dans cette situation malencontreuse de demander pardon!
Aristote te punira d'être si vil et de m'avoir insulté. Rien ne pourra me faire te pardonner!"

Dim 3 Sep - 18:33

Berton

Le pauvre Berton ne sait plus que dire pour être libéré... il crie, il pleure et implore...

-"Faites preuve de miséricorde et Dieu vous le rendra au centuple !
Faites de moi votre homme, votre serf, je vous suivrais en tout !
Prenez tout ce qu'il vous plaira en mon modeste logis !
Prenez aussi ma femme, je vous la donne de bon coeur !
Je puis vous donnez tout ce que vous me demanderez !
Prenez pitié de votre serviteur !"

Dim 3 Sep - 18:33

Renart

Renart, quand il entendit le vilain prier et pleurer pour avoir voulu défendre son coq, il se sentit ému d’une douce pitié:

-"Bon, vil Berton, chut, assez de pleurnichades ! Aristote et moi te pardonnons pour cette fois !

Il se signe.

-Mais tu vas devoir faire acte d'hommage et me céder tout ce que tu possèdes, tel un vassal à son seigneur ! C'est justice !"

Dim 3 Sep - 18:39

Berton

-"Que tous les saints du Paradis et Marie, la très sainte soient témoins de mon serment... je m'y engage de bon coeur : je te céderais ce que tu me réclameras.
Je serais ton vassal"

Berton se mets à quatre pattes et cherche à embrasser le bas du vêtement de Renart

Dim 3 Sep - 18:41

Renart

-"Entendu, j'ai confiance en toi, mise à part pour ta vilénie, tu es connu pour ton honnêteté!"

Dim 3 Sep - 18:42

Pierre

Pierre continue:

-"Il lui rend alors la liberté, et le premier usage que Berton en fait, c’est de se jeter aux genoux de Renart, d’arroser sa pelisse de ses larmes, d’étendre la main délivrée vers le moutier le plus voisin, en prononçant le serment de l’hommage dans la forme accoutumée."