Retour de la baronne de Bram, bien accompagnée...

SanAntonio laissa le jeune baronne s'installer à son aise et vint s'installer en face d'elle. Rendus curieux par cette gelée de coin, il prit un morceau de pain bien frais, y mit de cette gelée, et commença à manger.

"Et bien, je découvre une gelée fort appétissante. Je comprend mieux vostre envie de tout à l'heure de vous presser."

SanAntonio se tut alors, laissant la jeune Marguerite finir de prendre son repas matinal. Il la regardait manger, souriant à voir un si bon appétit chez la demoiselle.

Marguerite resta un instant silencieuse, mâchant bouche fermée son bout de tartine. Puis, d'une voix faible, presque un murmure, elle dit :

-"Ma mère en raffolait."

SanAntonio ne sut que répondre. Il ne savait s'il fallait laisser la jeune fille parler, et la laisser dire ce qu'elle voulait dire, ou non. Il ne pouvait cependant pas rester muet.

"Et bien, je ne peux que la comprendre...et je vois que vous-mesme appréciez fortement cette gelée du coin...de coing. Veuillez m'excusez, c'est encore nouveau, j'éprouve quelques difficultés à l'exprimer correctement."

Marguerite aperçut le seigneur de Villesiscle, l'air visiblement éreinté. Elle se leva pour l'accueillir.

-"Seigneur, n'avez-vous pas passé la nuit ici ? Que vous est-il arrivé, vous semblez faible ?"

Elle prit son bras et le mena vers la chaise.

-"Mangez avec nous, s'il vous plaît, vous me ferez plaisir. Je vous présente, si vous ne le connaissiez pas, le vicomte de Melun, père de Sa Majesté la Reyne."

Lorsque messire Eléïm entra, SanAntonio se leva et le salua respectueusement, reconnaissant l'homme qui avait témoigné tant d'amitié, si ce n'est plus, à dame Elissa.

"Messire Eléïm, enchanté de vous connaistre."

Eléïm ne savait plus où donner de la tête entre le Vicomte qui se levait pour le saluer et la Baronne qui le priait de s'asseoir !
Il salua donc ses deux hostes et s'assit sans se faire longtemps prier. Il fit patienter non sans délectation pendant quelques secondes la damoiselle qui attendait qu'il relate sa nuit, et, après avoir déposé de la confiture sur un bout de pain, il expliqua :

-"Eh bien non, je n'ai pas vraiment dormi cette nuit pour tout vous dire ! En sortant de la cathédrale hier, j'ai croisé Dame Aymerssende qui était venue assister à la cérémonie munie d'une mûle... incorrigible ! Et Dieu sait si ma bonté me perdra : je lui ai proposé de faire le voyage avec elle. Il sourit, pour montrer qu'il ne pense pas ce qu'il dit. Comme je le pensais, l'animal fut très vite à la hauteur de sa réputation, et refusa d'avancer pendant de longues minutes. C'est pourquoi je ne suis là qu'à cette heure..."

Ceci dit, il porta la petite tartine à sa bouche.

SanAntonio écouta les propos du sieur Eléïm. Un silence s'installa. Il attendit quelques instants, puis, ne voyant aucune réaction chez la jeune baronne, il prit la parole.

"Une mule...en effet. Il est bien difficile de faire avancer ces animaux lorsqu'ils ne l'ont pas décidé ainsi..."

SanAntonio sentit que ce qu'il disait était loin d'estre utile au débat, mais il ne voyait pas quoi dire d'autre.